Eco manga avant l’heure ?
Lorsqu’on parle environnement et animation le nom de Ghibli et surtout Miyazaki apparait. Que ce soit Totoro et son hymne à la nature ou Mononoke et son combat entre nature et technologie le maître Hayao sait y faire pour nous offrir des animes de qualité avec un message fort. Pourtant il faut savoir qu’avant de construire l’empire Ghibli, Miyazaki a conçu une œuvre des plus grandioses au message écologique marquant : Nausicaä de la Vallée du Vent. Je ne parle pas du film de 1984 mais du manga qui l’a précédé. En effet, avant d’être un film d’animation maintes fois repris (et pas de la plus belle manière, je vous conseille de visiter le site Buta connection pour vous en convaincre…), Nausicaä fut un manga.
Les origines
Remontons en 1982 lorsque Miyazaki décide de concevoir le film. Il faut savoir que les films d’animation seuls n’intéressent pas les studios, leur habitude est plus de créer un lien entre série d’animation ou manga et le film. Résultat Miyazaki va nous pondre le manga Nausicaä de la Vallée du Vent (Kaze no Tani no Nausicaä pour les puristes), un titre constitué de sept tomes que Miyasaki va entièrement réaliser (scénario, dessins, la totale).
Cette histoire est un chouette pari réussi pour l’auteur qui se croyait à l’époque pas assez doué en dessin pour devenir mangaka ! Il faut malgré tout noter qu’il mettra plus de temps à faire le manga que le film (12 ans pour le manga 10 mois pour le film) comme quoi… Mais passons plutôt à ce qui nous intéresse : le manga de Nausicaä.
La genèse
Le résumé de l’histoire en soi est un hymne à la protection de notre écosystème :
L’humanité s’est lancé dans une guerre qui a précipité notre monde dans une misère écologique des plus grave. S’il a fallut à la genèse divine 7 jours pour créer le monde il aura suffit d’autant de jours pour que les différentes civilisations le détruisent dans ce que les légendes appellent la Guerre des 7 jours de Feu. Mille ans ont passé, la Terre est devenue un lieu toxique où vivent des créatures mutantes qui obligent les hommes à vivre reclus dans de trop rares oasis de paix. Hélas, les erreurs du passé ne semblent pas rester en mémoire des 2 nouvelles nations émergentes, les dork et les tolmèque. Résultat à l’instar de la plupart des personnages féminins de Miyazaki, Nausicaä va devoir sauver le monde, devenant malgré elle le Messie annoncé par les prophéties…
La prophétie
Que dire de ce manga ou de l’anime qui en découle sans se montrer trop élogieux et un poil subjectif… Commençons par parler du scénario car c’est le cœur de l’histoire. Miyazaki nous offre une histoire profonde que ce soit en ce qui concerne le message de paix entre les peuples ou le message écologique. Certes il aura fallu 13 ans pour donner vie à cette œuvre mais cela aura permis Miyazaki de peaufiner l’histoire de ce monde torturé par les erreurs de ses pères et de son messie, Nausicaä. Bref on peut tout passer au crible, il n’y a aucune faille, tout le monde a sa place dans cet univers.
L’extinction
Nous le savons tous l’animation et la littérature asiatique est marqué par le cataclysme, il me semble (mais je peux me planter) que la fameuse bombe A imprègne nombre de titres issus de la culture du soleil levant. Mais jamais une guerre n’a tant marqué le monde que celle de Nausicaä. Entre les ruines de l’ancienne époque (avec ses robots au graphisme si particulier que l’on retrouve dans Laputa) et les modifications de l’environnement (Les mers d’acide, les étendues désertiques, les créatures génétiquement modifiées…) le futur que nous montre Miyazaki est assez sombre.
La Terre souffre et tente tant bien que mal de se reconstruire mais quelle est notre place dans ce plan ?
L’humanité ce “cancer” qui a réduit à néant plusieurs milliard d’années d’évolution mérite t elle sa place dans l’écosystème ?
Et si oui comment ?
La vie en symbiose avec la nature est elle la solution ?
Bref vous l’aurez compris ce titre qui navigue entre fable, science fiction et anticipation nous offre une réflexion des plus intéressantes sur la nature de l’homme et sa place dans un monde où il se croit supérieur au risque d’en payer le prix fort.
Miyazaki, comme il se plait à le dire, n’est certes pas un dessinateur hors pair lorsqu’il s’agit de poser sur le papier un univers aussi riche que le sien mais une fois passé la surprise de son style, lire ce manga empli d’émotion et de réflexion vaut le détour.
Certains l’ont lu ?
Vous en avez pensé quoi ?
Mieux que le film ?