Il s’appelle ABe mais n’a rien d’un cochon…
Il existe des auteurs ou plus précisément des chara-designer dont la patte marque les esprits de manière inaltérable comme Yoshitosho ABe. Un style qui colle à des séries sombres comme à des séries humoristiques ou contemplatives et qui vous donne envie de passer l’anime en image par image tant il y a à voir. Mais avant de laisser pleuvoir les compliments lors du parcours graphique de ABe, attaquons nous à sa biographie aux saveurs de conte de fée.
The Japan way of dream
Né le 3 août 1971, rien ne le prédestinait au dessin. En sortant du lycée, Yoshitoshi Abe s’inscrit en fac et, comme tout étudiant fauché, accumule les petits boulots. Ce faisant, il tombe sur un ami qui lui propose de devenir son assistant pour créer un nouveau manga, il lui demande aussi de s’inscrire dans une école d’art histoire de perfectionner son style. Il saisit sa chance et en 1993 entre à la “Tokyo National University of Fine Art and Music” où il étudie le dessin classique japonais. C’est là bas qu’il créera le style qui est le sien : mélanger influences traditionnelles avec la technologie (palette graphique et traitement de l’image).
1996, il commence à créer des dôjinshi et va créer son site internet pour y exposer ses dessins. C’est ainsi qu’il va être remarqué par Ueda le producteur de Lain. Celui-ci alors en train de préparer cette série et à la vue des dessins présents sur le site de ABe il va de suite comprendre à quel point le style graphique de Yoshitoshi Abe s’accorde avec l’ambiance désirée, il le contacte pour lui proposer de travailler comme character designer et ABe qui est lourdement endetté accepte, lançant la carrière d’ABe.
Working with the stars
Même si la série Lain Serial Experiments connait un large succès au Japon et surtout aux Etats-Unis principalement grâce à son ambiance très sombre, Ueda veut changer de style et souhaite que son prochain anime ait un ton bien plus léger, plus humoristique. Ainsi la seconde série d’ABe sera NieA_7, on y retrouve une fois encore tous les ingrédients du graphisme d’ABe mais l’ambiance y est moins glauque. Pour la petite histoire : C’est en voyant une illustration de Yoshitoshi Abe que Ueda va lui demander de créer l’ensemble de la série autant d’un point de vue graphique que scénaristique. Ceci donnera naissance non pas à un anime mais à un projet : le projet NieA_7. Abe s’occupera à la fois du scénario, du character design et du manga pour ce projet ce qui est la consécration pour ce jeune homme de moins de 30 ans…
Playing with angels
Le projet suivant est l’adaptation non pas d’une illustration mais d’un dojinshi de Yoshitoshi Abe : Haibane Renmei. Une fois encore c’est en piochant sur le site et dans les anciens traveaux de ABe que la beauté arrive à nos yeux avec une fois encore un titre qui change de style par rapport au précédent. Si Lain fut sombre et Niea porté sur l’humour, Haibane est surtout un titre qui se déguste en douceur comme un doux voyage en train : on se laisse bercer par le flottement du wagon en regardant défiler les images… Sur ce projet, Abe sera encore une fois en charge du chara design, du scénario mais il supervisera aussi la plupart des autres domaines ce qui tend à prouver la qualité de son travail passé sur Niea.
C’est d’ailleurs sur cette série que je vais appuyer mon argumentation sur la qualité du taff d’ABe car elle est pour moi la plus représentative de ce que ce maître du chara design est capable de faire. Dès les premières minutes de l’anime, je n’ai pu m’empêcher de tomber sous le charme des décors présents dans le monde d’Haibane Renmei : prairies dignes d’un film de Peter Jackson (le SdA pour les non fans), de petits sentiers qui vous donnent envie de flâner le regard rêveur, des maisons qui « sentent » comme la maison de votre grand-mère … Vous l’aurez compris cette série joue beaucoup sur les ambiances et les souvenirs de chacun. On a droit à des décors superbes, mis en valeur des jeux de lumière qui donnent une impression de temps suspendu comme une vieille photo tout droit sortie d’un album nous rappelant l’enfance vécue. C’est ça ABe une ambiance dès les premières images ou dès les premières notes (car la musique a son rôle à jouer elle aussi et il sait s’entourer le bougre).
Pour conclure, je dirais qu’en trois mini séries Yoshitoshi Abe a su s’imposer comme un grand nom de l’animation et même si celui-ci est un peu en retrait depuis texhnolyze je ne peux qu’espérer revoir son nom sur cellulo…